UnE rEpRiSe BiEn SpEcIaLe

Comme je vous le disais donc dimanche, lundi, hier, c'était la reprise.

Et pour une reprise, elle était bien spéciale !

Déjà elle est spéciale parce que mes élèves partent en classe de neige vendredi matin, et pour 2 semaines en Haute-Savoie. Ils sont tout excités. Ils sont à fond dans les préparatifs. Je ne partirai pas avec eux, c'est ma collègue qui part avec eux, mais comme depuis 2 ans, j'irai les rejoindre un week-end à la montagne pour vivre avec eux ces moments forts d'une classe de neige et partager le quotidien, voir comment ils se comportent, gèrent leurs affaires etc. C'est très sympa et puis c'est aussi le plaisir de retrouver les collègues dans un autre contexte, un autre lieu.

Et puis cette reprise avait ce côté spécial grâce à la neige bien présente. Il a neigé toute la journée hier non-stop. J'avais mis plus de temps que d'habitude pour faire la route. Les élèves se sont bien amusés pendant les récrés, la luminosité extérieure était particulière. Bref, c'était très dépaysant.

Dans l'après-midi, en plein préparatifs de classe de neige, ma collègue propose à la classe d'essayer dans la cour les pelles-luges qu'elle venait de leur distribuer. C'était extra ! On en avait aussi profité pour lancer des boules sur notre collègue masculin qui va faire son baptême classe de neige cette année. Les élèves se sont éclatés, ils avaient le sourire jusqu'aux oreilles, un bel avant-goût de ce qui les attend à partir de vendredi ... Surtout que sur notre classe, beaucoup d'élèves n'ont jamais été à la montagne. Nous leur avons dit que la neige par ici n'avait rien à voir avec celle qui les attend en Haute-Savoie. Surtout que sur les sites d'info d'enneigement, il y a au moins 50 cm près du chalet qui les accueille et au moins 80 cm au pied des pistes de ski ! Wahou c'est extra !!! Je suis ravie et pour les élèves, et pour les collègues, car il y a 2 ans, lorsqu'ils étaient partis en classe de neige, ils n'avaient vu les flocons que la veille du départ ! Toutes les activités avaient été modifiées, peu de ski évidemment (une journée sur 15 jours ça fait peu !), enfin bref même si les élèves avaient été contents de partir, la déception de n'avoir pu skier et la galère pour les enseignants de trouver d'autres activités avaient laissé un goût amer tout de même ...

Donc la séance pelles-luges dans la cour, un bon moment que je n'oublierai pas. Tout comme mon retour hier soir en voiture d'ailleurs ... Une horreur ! Je suis partie de l'école aux alentours de 18 h (après l'étude), pour arriver chez moi vers 20h15. En temps normal, je mets 40 minutes. J'ai fait du 10-20 km/h en moyenne.

Je ne suis pourtant pas une trouillarde en voiture et j'adore même conduire. Mais là hier soir, je n'en pouvais plus. Entre la neige qui ne cessait de tomber (ça fatigue je trouve, surtout quand il fait nuit), la voiture qui chassait dès que je bougeais le volant (même à à peine 10 km/h dans les ronds-points), je suis rentrée complètement rincée !

Le matin, c'était pour sortir de mon quartier que ça glissait et sur la partie petites routes avant l'école. Mais le soir, c'était pire que ces deux portions du matin et sur toute la route !!! Quand j'ai finalement atteint ma ville au bout d'1h15 de route, je pensais que ça circulerait mieux. Mais en fait j'ignorais que le pire m'attendait. Des routes pas salées du tout, ou alors salées une fois dans la journée et le tout avait gelé. Une patinoire permanente, le stress d'avoir à tourner ou voire même freiner, observer les véhicules (certains doublaient, des tarés !!) qui sont devant, derrière, sur les côtés. Certaines voitures patinaient et faisaient du sur-place pour empreinter une bretelle d'accès légèrement en pente. On se serait presque cru dans un film "catastrophe naturelle", ça faisait surréaliste. Des files ininterrompues de voitures qui tentaient de garder le cap, un trafic bouché de partout (pas simple de respecter le code de la route entre les feux et les priorités quand le véhicule ne peut répondre aux instructions qu'on lui donne). J'ai trouvé ça fou que dans une telle ville des routes soient aussi verglassées.

A plusieurs reprises, j'ai hésité à m'arrêter pour attendre que la neige se calme mais j'ai bien fait de poursuivre ma route. Car d'une je ne sais pas si j'aurais pu redémarrer (le courage de reprendre cette route verglassée) et de deux hier soir la neige est tombée de plus en plus, donc j'aurais encore plus galéré je pense.

Le pire je crois c'est quand je croisais des cars de transport scolaire : à quelle heure sont-ils rentrés ? Sont-ils arrivés sans encombre ? Et tous ces véhicules qui quittaient la ville pour rejoindre leur foyer en milieu rural. En les croisant, je me suis dis: "les pauvres, ils ne savent pas ce qui les attend sur la route, ils ne sont pas arrivés". Mais en fait, avec le recul, je pense qu'ils devaient se dire la même chose en nous croisant, nous, ceux qui tentaient de regagner leur foyer en ville.

J'ai mis autant de temps à parcourir entrée de la ville - maison que le trajet école- entrée de la ville. Moi qui pensais que je serai chez moi en 20 bonnes minutes. Je me trompais. Une bonne heure encore en voiture m'attendait, toujours avec cette angoisse d'avoir un accident, de partir dans le décor ou alors de ne pas pouvoir rentrer chez moi. Dès que j'ai quitté l'école, j'ai prévenu mon mari pour qu'il aille chercher les enfants chez mes parents, et j'avais bien fait, quand j'ai constaté le traffic pour circuler dans la ville. Ils sont finalement arrivés peu de temps avant moi à la maison, mais mes parents avaient pris le temps de les faire manger etc; mon mari adore conduire sur la route enneigée.

Au moment où j'arrivais à la hauteur de la bretelle que j'emprunte pour aller vers mon quartier, je me demandais encore quel chemin valait-il mieux emprunter ? Faire le grand tour là où la route grimpe moins ou bien tenter la route habituelle avec une route qui est un peu plus montante ? La question tournait en boucle dans ma tête avec les parcours possibles. Je me suis décidée à finalement emprunter ma bretelle d'accès habituelle pour mon quartier car des voitures la prenaient et même un poids lourd. Grosse erreur en fait ...

Déjà la bretelle en pente, c'était craignos, mais alors en plus quand on constate ce qui nous attend pour monter, et bien là l'angoisse monte encore d'un cran. Peu de voitures dans la montée, un poids lourd qui patinait en bas, coincé entre la pente qu'il venait de descendre et la montée qui l'attendait face à lui. Aïe aïe aïe nous étions plusieurs véhicules à se suivre et probablement en train de se demander comment on allait pouvoir freiner voire changer de chemin; peu d'autres possibilités s'offraient à nous. Le poids lourd s'est finalement mis à avancer, doucement. Il restait sur la file de droite et ouf il me fallait empreinter celle de gauche pour aller tout droit. Et là, la partie la plus délicate a commencé. Le poids lourd s'est mis à patiner quand je suis arrivée à sa hauteur, j'ai eu peur, vraiment qu'il se mette en travers entre autres. J'étais en première et j'avançais très doucement. J'avais monté le son de la radio, sûrement par peur d'entendre mes roues patiner et être envahie par la panique. Vue ma vitesse, mes roues devaient autant patiner que celles du poids lourd ou de celles de la voiture à droite de moi, qui venait de se mettre en travers, coincée, la pauvre jeune fille au volant était en larmes; et là dans ces cas-là, tout le monde galère et on se sent si impuissant qu'on peut difficilement venir en aide. Je ne pouvais que compatir pour la galère de cette demoiselle et je croisais les doigts pour ne pas me retrouver dans la même situation qu'elle ...

Il ne fallait pas paniquer, avancer doucement, garder le cap. Sauf que devant moi la file de voitures commençait à ralentir car le feu venait de passer au rouge ... Aïe aïe galère ... j'étais en train de monter tant bien que mal mais là si je devais m'arrêter je crois que ça aurait été mission impossible; je me voyais déjà à la place de la jeune fille mais en plein milieu de l'avenue puisque j'étais sur la voie centrale ... Heureusement comme je montais très lentement, le feu est passé au vert, les voitures ont repris le chemin doucement, j'ai suivi.

Les derniers mètres dans mon quartier jamais salé de la journée m'ont semblé une éternité. Très glissants, neige avec le verglas en dessous, je n'en pouvais plus. Sur 200 m, ma voiture a chassé 3 fois dans les virages pris à 10 km/h. Quand j'ai enfin pu arrêter le contact devant ma porte de garage, je me suis effondrée en larmes sur mon volant. Mes jambes se sont mises à flageoler, j'ai eu des tremblements. Il me fallait évacuer tout ce stress, toutes ces angoisses, cette fatigue accumulées durant ce trajet long et dangereux de 2 bonnes heures seule dans ma voiture.

Ce matin, mes enfants sont à la maison. J'ai prévenu leur école et la personne qui m'a répondu m'a dit que je ne devais pas m'inquiéter car depuis ce matin de nombreux coups de fil comme le mien ne cessaient. Mon quartier est toujours aussi glissant. Mon mari m'a dit qu'au feu rouge au bout de notre rue il avait fait du sur-place pour démarrer au feu vert. J'ai dit à l'école que mes enfants arriveraient pour l'après-midi si les routes le permettaient. Mais visiblement selon mon mari, l'avenue est toujours aussi glissante, seuls les ronds-points ont été salés. Et très sincèrement, j'ai eu si peur hier soir que j'ai peur de me retrouver dans la même galère avec les 3 loulous à bord ! Le soleil est là, il va peut-être aider à faire fondre le verglas sur les routes, au moins ...

Hier Ophélie (ma voisine) a mis sur son blog des photos de notre rue enneigée. C'est vrai que c'est beau à regarder. Tant que c'est comme ça dans le paysage mais dégagé sur les routes j'apprécie vraiment.

Pour finir sur des images agréables à regarder, je vous mets des photos d'hier soir et ce matin:

Comments

[morgiane]

j'ai tout lu et j'ai fini par être crispée pour toi...je fais ma vraie 1ère heure de conduite jeudi, j'espère que la neige aura fondu...enfin en même temps çà m'apprendra à conduire dans des conditions de neige...
enfin visiblement vous avez bien plus de neige que par chez nous...ici 3-4 cm, et les grandes artères sont déssalées...

[Ophélie]

Tout à fait d'accord avec toi. Hyper dangereux .Hier en suivant le dernier bus , ma voiture c'est mise en travers ainsi que celui qui était dernier moi et le bus. En fait on se suivaient tous les 3. Le bus à viré en premier , moi ensuite , et mon voisin de derrière. Je n' ai pas paniqué , j' ai mis mes feux de détresses , j' ai attendu qu'il n 'y ait plus de passagers venant en sens inverse, puis je me suis réengager sur ma voix , ainsi que la voiture derrière moi. Et pourtant , je roulais aussi à 10 km/h et toujours en première. Du jamais vu.... Donc aujourd'hui j'ai préférer marcher ou prendre le bus. ça refroidit, c 'est cas de le dire...

[Armellou]

Pfff... quel récit !
Reste tranquillement chez toi aujourd'hui !